Togo: Un ouvrage traitant du lien entre valeurs, connaissances et croissances
Photo 1 : Capture d’écran du premier ouvrage de l’auteur
Source : Ressources personnelles
Introduction
Le livre cité en objet - Photo 1 offre la base de la compréhension de l’économie du développement liant
valeurs, connaissances et croissance. Il pose par postulat que le chemin menant à la transformation d’une population passe par la lumière des compétences acquises par apprentissages. Ramenant dans l’enjeu du changement social, la qualification continue du capital humain comme clé au départ de tout processus
civilisationnel. L'ouvrage Religion, éducation et processus de développement en Afrique noire - Paradigme de la population Kabyè du Togo jusqu'en 2005, publié en 2016 aux Editions Universitaires Européennes à leur demande, voudrait poser la problématique des valeurs et savoirs dans l’évolution
socio-économique. Jusqu’à la fin du XIXème siècle, les Kabyès étaient des adeptes
de religion et d’éducation traditionnelles. Par la suite, l’occupation
européenne a imposé de nouvelles valeurs et logiques. Le panthéon Kabyè,
incarné jadis de plusieurs divinités et au sommet Dieu unique, créateur de l’univers, éprouvera un renouveau divin dont le
sacrifice se basera sur les Ecritures. Avec pour conséquence la quête d’un inédit
procédé d’éducation fondé sur l’écriture, la lecture, le calcul, la science, la
technique, etc. De la société traditionnelle à la société en adaptation
progressive, l’analyse quantitative et qualitative des données recueillies
auprès des populations Kabyès du Nord-Togo a permis de cerner les causes
catalyseurs du changement social que l’on désigne aujourd’hui sous le vocable
du Développement. L’entreprise scientifique revient à démontrer que le niveau
du processus de développement d’une région est fonction du degré de
productivité sociétale inversement exercée par les religions et systèmes
éducatifs.
Jusqu’alors,
l’élucidation des facteurs du processus de développement a été faite sur des
bases historiques, démographiques, climatiques, racistes, ethniques,
idéologiques, bref systématiques indécises menant le débat scientifique sur le
développement à l’impasse. Les controverses sur le sous-développement souvent
interminables sont restées partielles et partiales. Les facteurs découverts par
les auteurs antécédents innombrables pour expliquer le processus de
développement socio-économique apparaissent beaucoup plus éloignés de la source
structurant l’évolution historique des peuples.
1.1 –
De la dissolution et la mutation de la Cité Kabyè
L’intrusion occidentale dans l’histoire des peuples du Togo à partir du XVIème siècle, par l’esclavage, puis au XIXème siècle par la colonisation allemande suivie de celle française, a modifié fondamentalement le cours des évènements socio-culturels du pays. La dialectique historique transcende la volonté des hommes pour provoquer des rencontres entre civilisations et cultures différentes. Par le canal, les peuples du Togo, en particulier Kabyè à l’origine agraire et « païenne », ont été inféodés par invasion au processus global de l’évolution de l’Humanité dominée par l’Occident. La pénétration européenne a fini par s’imposer après l’échec de la résistance des peuples africains contre les envahisseurs. Une loi de sélection naturelle se dégage depuis Charles Darwin et s’applique à l’ensemble des sociétés. Quoiqu’ils fassent, les hommes demeurent emportés dans un cours irrésistible de l’histoire universelle qui décompose puis compose les peuples à travers temps et espace. S’agissant de l’environnement distinctement Kabyè avant, pendant et après la pénétration occidentale, la religion et l’éducation s’attisent comme moteurs de la révolution civilisationnelle. D’origine théologique et théocratique intimement intégrée dans la conscience collective, imprégnant pratiques quotidiennes, traditions, croyances, rites, us, coutumes, productions et reproductions, la Cité Kabyè, Cité lévitique, peuple de prêtres n’est pas créée pour un souverain ou un monarque ou encore un roi humain, mais pour le divin, pour Dieu Lui-même, créateur de l’Univers et du Cosmos. La Cité existe pour Lui rendre gloire par le sacrifice saint et le travail. A partir l’ordre colonial, le christianisme, l’école moderne et la politique en importation graduelle au milieu du peuple togolais, en particulier Kabyè, provoqueront une transformation sociale.
1.2 – L’envers historique
Les
déclarations africaines d’indépendance politique dans les années 1960 se
soldent par le constat du sous-développement qui se représente concrètement par
une société statique, bloquée, déracinée, encore dominée et sans autosuffisance.
Ses causes telles qu’enseignées dans les programmes scolaires, universitaires
et véhiculées dans la conscience collective des masses populaires au moyen
d’une certaine propagande stratégique, tendent souvent à indexer le passé et
l’extérieur comme responsables de la situation dans laquelle vivent les
populations locales. Ce faisant, l’on oublie une longue série de spirale descendante
imputable à la politique intérieure souvent irrationnelle. Le développement dépend beaucoup plus des
transformations structurelles internes de la société et des changements de mentalité
humaine que l’apport du capital extérieur très enchaînant pour la nation. Que Elon Musk désigne à juste titre par l’esclavage de la dette. Le bilan
de l’évolution historique aboutit à un résultat sévèrement critique du
processus de développement national : ni les indépendances politiques, ni
les partis uniques (1960-1990), ni les dettes souveraines contractées
jusqu’alors, ni les Programmes d’Ajustement Structurel à partir de 1980, ni
l’introduction soi-disant de l’homme au centre du développement et de
l’environnement à partir de 1987, ni l’avènement des transitions démocratiques
en 1990, etc… n’ont apporté le relèvement du niveau socio-économique escompté.
Tout le capital a été englouti dans la perversion et la corruption politique du
fait de la mauvaise qualité du personnel dirigeant.
2
–
Valeurs, connaissances et croissance vont ensemble
Le
processus de développement paraît dépendre des facteurs internes, c’est-à-dire
se situant plus en nous, dans notre psyché que de l’extérieur. En effet, durant toute l’histoire de
la croissance économique des peuples, les théories d’explication du processus en
question penchent pour des facteurs entourant les hommes, plutôt que les hommes
eux-mêmes et surtout ce qui se passe réellement dans leur « boîte
noire », autrement dit dans leur tête, dans leur cerveau, dans leur
état-d’esprit humain individuel et collectif. La modification de la
compréhension de la conduite du processus de développement Kabyè à l’image de
l’espace négro-africain, passe par l’identification des véritables ressources
et leur mise au centre du système de reconstruction de l’environnement.
L’opérationnalisation de la stratégie demande un certain travail de l’homme
noir sur lui-même et de sa société sur elle-même. L’espérance d’une fin de la
violence du sous-développement suggère qu’en matière de croissance, la valeur
des ressources environnantes dépend de la performance des ressources humaines,
si celles-ci sont sophistiquement bien formées et stratégiques. Les religions
et systèmes éducatifs existeront toujours et joueront selon les cas, le rôle de
libération de la pauvreté économique ou de l’enveloppement pervers des
sociétés.
2.1 – Un système de Développement
loin d’un don fatal, s’organise
Trois
données majeures caractérisent tout système de développement : l’homme,
son état-d’esprit et les ressources qui l’entourent. Il se fait que certaines
théories privilégient les ressources, ensuite d’autres combinent l’humain.
Toutefois, on ne comprend pas pourquoi la distribution du développement demeure
très inégalement répartie dans le monde, en dépit de l’existence non
négligeable des ressources humaines relativement compétentes et de la disponibilité des matières premières
dans l’espace africain. La micro-approche par l’état-d’esprit ou la logique de
l’esprit humain dans le milieu s’offre en une clé de compréhension et de
conduite des processus de transformation réelle des nations. Si l’on comprend
l’activité de l’état-d’esprit, c’est-à-dire les rapports de processus se produisant
dans les cerveaux des hommes et femmes plus ou moins formés et se manifestant, l’on pourra alors appréhender
pourquoi tant de différences socio-économiques à travers le monde. Pour changer
la société Kabyè ou togolaise, voire africaine noire vers un niveau de
développement performant, il faudra viser une transmutation de la particule
fondamentale constitutive de l’être humain qu’est son état-d’esprit, véritable
démiurge ou organisateur de son environnement. En concentré, tel un peuple
croit, s’éduque, sent, pense et agit, tel il s’affirme économiquement dans son
milieu. S’il existe des technocrates dans un pays et la pauvreté le gangrène,
alors l’état-d’esprit individuel et collectif engendrant et gouvernant les
processus politiques au quotidien sont erronés, trompeurs et malveillants. Il
n’est pas étonnant de voir la misère se propager dans les Etats africains particulièrement
pourvus d’une élite prodigieuse et de ressources naturelles abondantes.
2.2 - La jeunesse, pivot du
changement social
Les
mutations sociales se réalisent dans la lumière et non l’obscurantisme. Dans
une intensité historique de productivité dont l’offre et la demande dépendent
de l’état-d’esprit surtout juvénile, car alimenté de connaissances et valeurs
renouvelantes. La jeunesse, base du changement social s’adapte mieux avec
célérité aux sciences, techniques, technologies de l’information, de la
communication et aujourd’hui de l’intelligence artificielle. Elle demeure toujours éprise d’entreprises et de régime
démocratique propre au partage des connaissances, valeurs, croissances,
pouvoirs, savoirs, avoirs dans la Cité. Tous les peuples du monde ont des moyens
égaux, en termes de capacité à conduire l’économie du développement vers le
succès. La distribution du processus de Développement à travers les peuples se
comprend par son lien à la performance des systèmes de valeurs, de
connaissances, de croyance et d’éducation générant un type de capital humain.
Dans la veine, l’enseignement primaire, secondaire et supérieur qu’il soit général, scientifique, technique, technologique, théologique ou laïc occuperait toujours une place centrale dans
le dispositif du nouveau monde en création.
Conclusion
Les
forces structurelles centrifuges de l’économie du développement africain et
local apparaissent d’origine éco-ontologique. La solution finale semble être du
même ordre, c’est-à-dire de la dimension de la nouvelle économie de la vie et non l’ancienne économie de la mort différenciée aujourd’hui par Jacques Attali. Les véritables facteurs de la transformation sociale, ne sont guère
relatifs uniquement aux ressources naturelles, aux capitaux, aux diplômés, aux
titres, à la main d’œuvre qualifiée, mais à l’entéléchie de la mentalité
humaine et à la qualité du noos dans le milieu. Le noos tel que formulé par le jésuite et scientifique Pierre Teilhard de Chardin. Aujourd’hui, la plus grande menace de l’homme sur terre
demeure son propre état-d’esprit, son psyché, s’il ne cultive pas son intelligence, son art, ses
talents et potentialités.
ALEZA Sohou, Université de Lomé
Annexe : Aperçu du livre
Source : Éditions Universitaires Européennes


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