Togo : La dénaturation du régime parlementaire, Tome 1
Photo : L'auteur, un institutionnaliste togolais
Source : Ressources personnelles.
Introduction
Certains étudiants m’ont abordé en m’interrogeant sur le fait que je néglige les événements locaux qui se produisent dans mon propre pays pour m’occuper de ceux lointains de nous. Ils ont raison, cependant « nul n’est prophète en son pays » ! En prélude à mes analyses sur mon pays, une mise au point me paraît nécessaire. Dans un Etat, la fonction des élites, en particulier des universitaires qui constituent le quatrième pouvoir, consiste à servir de la connaissance avérée, de la vérité qu’il ne faut jamais remplacer par ce que tout gouvernement voudrait entendre. Nous sommes là tous pour « rendre témoignage à la vérité » dans tous les domaines du savoir aussi bien en mathématiques et sciences de la nature qu’en sciences sociales et humaines par la recherche scientifique, les enquêtes professionnelles et analyses indépendamment du mental ou de la psychologie sociale de ceux qui nous gouvernent. Certaines élites ne comprennent pas encore leur rôle lumière dans l’Etat moderne, par funeste conséquent, apportent dans un cadre public des solutions qui ne sont pas documentées, sourcées, donc fondées sur les faits avant toute prise de décision d’intérêt général sur une structure nationale infiniment petite ou infiniment grande. Alors la trahison des élites enfonce d’une part, le gouvernement, l’Assemblée nationale plus le pouvoir judiciaire et, d’autre part l’ensemble du corps de l’Etat, dans les problèmes structurels presque insolubles puis les crises politiques récurrentes. Alors que les universitaires ont l’obligation de fournir des ressources de vérité, des renseignements de qualité, des informations vérifiables et des analyses rationnelles à l’endroit du gouvernement et de la classe des décideurs qui à leur tour, sont libres d’employer, de gérer, d’utiliser ces vérités sous forme de décisions structurelles favorables à la vie d’un Etat souverain. Une vérité en science quelconque c’est quoi ? Ce qui est vérifiable ou réfutable, point barre. Nul n’est intelligent pour la concevoir, l’appliquer et l’évaluer seul. Voici qu’en Afrique, certains universitaires sous couverts de leurs titres sont en réalité des faussaires de savoirs, des falsificateurs de valeurs et des menteurs à grouper dans la caste des ignorants volontaires, incapables de recherches soutenues dont l’issue engagerait la vie de la majorité des populations. Contents d’être proches des hommes du pouvoir, ils ne font que les tromper pour avoir du foin. Leur tâche normalement bien comprise, ne revient pas à servir comme renseignements ce que le gouvernement et ses décideurs veulent entendre ou ont besoin d’écouter, mais d’avancer les données liant les causes aux effets, donc la vérité scientifique et repartir chez soi tranquillement comme l'Italien Galilée (1564-1642). Cela doit se faire dans l’honneur, l’humilité et la soumission à l’autorité. Il revient aux hommes de pouvoir de gérer les vérités servies par les universitaires accomplis qui ne falsifient pas les faits ni ne biaisent les résultats des analyses de leurs recherches. Dans l’Antiquité, qui trompe le roi passe par la geôle. C’est au prince de se tromper en refusant volontairement d’appliquer les résultats objectifs de sa consultation de ses conseillers loyaux.
Dans l’exercice analytique suivant, je
m’attèlerai à être objectif sur les affaires complexes de la Cité commune. En
effet, le Togo est encore plus dysfonctionnel depuis le basculement de la IVème
à la Vème République. Alors que la quatrième République n’était pas à bout de
souffle. Je n’ai rien compris pourquoi subitement, certains ont décidé du jour
au lendemain de changer les règles du jeu politique qui pose problème
aujourd’hui au président de la République. J’ai observé, celui-ci n’est
pas responsable de la crise togolaise actuelle. J’impute exclusivement l’échec de ce basculement politique à certains
universitaires togolais non accomplis en complicité avec d’autres pseudo intellectuels africains très ambitieux pour remplacer progressivement les commis dangereux
de la Françafrique maintenant à tropicaliser. L’objectif dissimulé vise à
constituer une nouvelle caste d’acteurs locaux pour maintenir l’ordre néocolonial
et impérialiste. Et si ça passe sans casse, ils deviendront des incontournables
du nouveau système, des faiseurs de l’histoire locale. Pour les
permettre d’assouvir leur but caché, à savoir gagner beaucoup d’argent pour
s’octroyer de l’immobilier partout dans les capitales africaines et métropoles
occidentales puis s'afficher en véritables substituts des impérialistes blancs, visant fortunes, autos de
luxe, jets privés, yachts privés, des services de luxe insoupçonnés, etc. Cela sur le
dos de la pauvreté massive des populations africaines. Voilà leurs rêves, même s’il
faut mentir ou induire en erreur le prince. Ces enfants difficiles d’Afrique
avec pleins de titres universitaires veulent devenir par raccourcis dégoûtants
de nouveaux capitalistes africains copiant honteusement le mode de vie de l'Occident. Je les défie,
s’ils ne sont pas d’accord, on peut en débattre sur des médias indépendants en
face du monde. Comment ont-ils dénaturé le régime politique parlementaire pour
le servir à l’Etat togolais, alors que la Constitution de la quatrième République
fonctionnait tant bien que mal ? Ne dit-on pas qu’entre deux maux, il faut
choisir le moindre ? Nous le découvrirons progressivement, mais au
préalable, il convient de revenir sur l’essentiel de la conceptualisation politique
depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours en passant par le Moyen-Age et la
Renaissance.
1 - Le pouvoir, moyen de la politique
comme la monnaie dans l’économie
Le pouvoir, stimuli inhérent à la
nature, s’est toujours posé comme besoin intrinsèquement
vital de l’homme et de la société à la recherche des ressources pour la survie,
la sécurité et le mieux-être. Il représente la chose la plus disputée et la
plus convoitée dans l’ensemble des sociétés politiques anciennes ou actuelles,
locales ou globales. Pour aborder le pouvoir dans un contexte moderne de régime
parlementaire, un détour par l’histoire apparaît nécessaire.
N’ayant pas inventé le pouvoir, nous l’héritons à travers millénaires directement des premières sociétés humaines successives. Au départ toutes les populations humaines à la recherche des ressources existentielles, vivaient souvent leur pouvoir primordial par l’effort de l'autoconservation naturelle, souvent cruelle, puis par économie du terroir et d’autarcie, enfin par mouvement nomade de conquête dans l’englobant jusqu’à la sédentarisation politique dans un environnement débouchant sur la création des premières sociétés et Cités. Les relents de lignés, de parentés, de dialectes, d’ethnies, de cultures… ont constitué les bases des divers regroupements tribaux parfois les uns contre les autres jusqu’à la formation des premières communautés et sociétés humaines complexes au fur et à mesure de l’évolution historique : Temps immémoriaux, Antiquité, Moyen-âge, Renaissance, Temps modernes et aujourd’hui la réalité des Temps postmodernes. Chacune des diverses périodes historiques a connu plusieurs types d’exercice du pouvoir basés sur le droit divin ou le contrat social selon les régions du monde. A présent les chercheurs sur l’objet relatif à l’aptitude de mener des regroupements humains, cataloguent différentes pratiques de régimes politiques : théocratie, monarchie, tyrannie, oligarchie, aristocratie, démagogie, démocratie, etc… cela selon les territoires géographiques plus ou moins étendus et selon le niveau avancé des populations. Le pouvoir devenait clairement la base de la politique, comme le nombre à la mathématique, la matière à la physique, l’étoile ou la planète à l’astronomie. La formulation progressive des sciences sociales nous apprendra plus tard qu’en réalité, le contenu de la politique s’assimile au pouvoir et celui du pouvoir demeure la politique. Et vice-versa.
2 - La politique, comme science suprême de
la libération des sociétés humaines
La politique et le pouvoir peuvent se
représenter consubstantiellement, c’est-à-dire l’un inséparable de l’autre. Pourquoi
la politique est-elle science suprême ? Simplement, qu’elle détermine absolument
tout dans la société, c’est-à-dire toutes les activités des populations dans les secteurs primaire, secondaire et
tertiaire dépendent d’elle, de son niveau d’intelligence et de la qualité de sa
pratique. Un exemple : pourquoi les médecins se retrouvent-ils dans la rue en
tant que manifestants plutôt qu’à l’hôpital pour exercer leur métier ? Parce
que la régulation politique étant mauvaise, les professionnels de la santé ne peuvent
pas bien accomplir leur art dans l’intérêt général de distribution de la santé
publique à la population de leur pays. La politique, devient le sommet de la science
! On peut multiplier d’autres exemples : pourquoi les ingénieurs
grèvent-ils ? Pourquoi tous les métiers savants sont-ils dans la rue, en
contestation ? Réponse identique. Dans les pays avancés, pourquoi les riches et
nantis aussi bien que les pauvres, les titulaires de métiers les plus
prestigieux se retrouvent-ils dans la rue ? Pour la simple raison que la régulation
politique du gouvernement conduit le pays peut-être, vers la guerre, la
Troisième Guerre mondiale, je ne sais pas. Ils veulent fléchir la tendance belliqueuse de leur gouvernement au lieu de vaquer à leurs affaires et occupations et se retrouver involontairement en état
de guerre. Nous mesurons tous la portée extrême et le rang de base qu’occupe
l’activité du pouvoir politique qui détermine ainsi tout dans la société.
Le pouvoir, il s’avère indispensable de l’isoler pour mieux l’étudier comme le chimiste analyse l’eau. Comment naît-il ? Comment l’use-t-on ? Comment se développe-t-il? Comment oppose-t-il les uns contre les autres ? Comment unit-il les uns et les autres ? Comment se perd t-il ? Comment meurt-il tout simplement ? Ces questions ont traversé toutes les époques historiques, dont les réponses attendues avaient pour objectif de contenir le pouvoir et ainsi le stabiliser pour un fonctionnement normal des sociétés parfois à la dérive du fait justement de la corruption politique. Le début du vivre ensemble dans un pays, ici ou ailleurs, en Afrique, en Europe, en Asie, en Amérique, partout sur le globe, n’a pas du tout été facile. Parce que les réponses que véhicule l’exercice du pouvoir politique par les acteurs provoquent souvent des inégalités de tous ordres que je ne peux pas détailler ici au risque d’être trop long. À observer l’activité du pouvoir, certaines réponses politiques proviennent malheureusement de l’instinct humain, du sentiment, de l’affection, de la force, de la ruse, donc beaucoup moins de la raison, de l’intelligence comme inséparables compagnons dans l’activité des mathématiques et des autres sciences de la nature. Ainsi nous comprenons pourquoi les sciences sociales et humaines parmi lesquelles figure la politique ou l’art du pouvoir, ont tardé à naître comme sciences véritablement admises au panthéon des sciences à côté des mathématiques, de la géométrie, de l’astronomie, de la physique, de la chimie, de la biologie, etc. C’est à cause de l’influence du sentiment humain, difficile à extirper de la production des faits socio-économiques d’une part, et de l’analyse de ces éléments d’autre part. Tous azimuts, les innombrables échecs politiques, les Révolutions, les progrès industriels et le développement des mathématiques, des statistiques et des sciences de la nature ont provoqué finalement l’intervention de la rationalité en politique et l’amélioration de l’usage de son contenu, c’est-à-dire le pouvoir. Par analogie, la technique tirée des sciences de la nature. Au fil du temps, il fallait civiliser de plus en plus les conditions de son obtention, de ses attributions, de son exercice et de sa perte normale. Sans cela, les conséquences de l’absence de régulation politique, sur toute personne physique ou morale ou encore tout court sur la condition humaine, se mesureront cruelles. Le pouvoir se découvre progressivement comme objet de la statistique, de l’économie, de la sociologie, du droit positif, des autres sciences sociales au sein de la constitution des théocraties, des ethnies, des tribus, des Cités, des Royaumes, des Empires, enfin au sein de la configuration historique et actuelle de l’Etat moderne, inventé depuis le XVI siècle par l’Italien Nicolas Machiavel (1469-1527).
Les conditions d’attribution et
d’exercice du pouvoir ont été aussi bien, selon les cas, causes de progrès des
populations que de l’effondrement de celles-ci par crises récurrentes, conflits
interminables, guerres civiles et invasions. Discrètement le pouvoir reste un
objet de convoitise locale, globale et universelle de tous les humains, en
particulier des leaders sans distinction de tribus, d’ethnies, de races, de religions,
de conditions économiques, sociales, culturelles et d’environnement. Il se définit
comme capacité d’influence, de commandement et d’ordre sur ses prochains, les
humains, les sociétés, le milieu limité ou illimité. Après avoir isolé et cerné
clairement la nature de la matière de la politique qu’est le pouvoir, notre
attention d’observation empirique se cristallise sur l’histoire de la
compétition des hommes pour le monopoliser, le dompter, le civiliser, le
rationaliser et le placer finalement sous le contrôle de la Constitution et de
la Loi. Au début de la vie de tout regroupement humain comme l’Etat, le
véritable problème qui se posait aux membres de l’entité a été et demeure
toujours, comment mettre fin au pouvoir
absolu d’une personne en politique. À mercredi prochain si Dieu notre Père le veut.
ALEZA Sohou, Université de Lomé
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