La formation de l’Etat de Palestine


Photo : En face António Guterres, le Secrétaire général des Nations Unies, lors d'une interview au siège des Nations-Unies à New-York



 Sourcehttps://news.un.org/fr/story/2025/09/1157511



Introduction

Un Etat ça sinvente ! mais en ordre. Aujourd’hui le capitalisme a presque enlevé l'empathie à l'espèce humaine, empathie très déterminante dans la vie socio-politique depuis toujours. L’Etat post-moderne semble ne rien signifier, car les forces capitalistes ont tout pillé, à commencer par l’appareil de l’Etat lui-même ensuite la famille, les enfants, l’éducation, l’université, la santé, la reproduction, le genre, leau, l’agriculture, la nourriture, lentreprise, l’environnement, la civilisation, la culture, bref elles s’illustrent en agents de création contre-nature. Les inégalités et diverses distanciations prennent de plus de l’ampleur entre peuples et États. Les drames se succèdent silencieusement sous les yeux froids du monde et personne ne réagit. C’est le cas du génocide actuel dans la bande de Gaza. Que diantre ! La victime d’hier devient le bourreau d’aujourd’hui et l’histoire va en se répétant. Au lieu que les puissances du monde ayant le pouvoir d’arrêter le nouveau génocide s’occupe de cela, elles rivalisent de célérité sur la voie de la proclamation de la Palestine comme Etat à part entière. Indépendant ? Souverain ? Personne ne sait. Pourquoi ces manœuvres soudaines ? Là encore je n’en sais rien. C’est ainsi que plusieurs puissances occidentales ont annoncé leur reconnaissance de l'État de la Palestine à l’occasion de la convocation de la 80ème Assemblée générale des Nations-Unies à son siège à New-York du 22 au 29 septembre 2025. Au cours de laquelle le président français Emmanuel Macron à 15 % d’opinions favorables dans son propre pays et après avoir proclamé la reconnaissance de l’Etat palestinien à la tribune de l’ONU se fait arrêter par la police américaine. Du jamais vu dans l’histoire des relations internationales ! Perdu dans les rues de New-York, j’ai vu à la télévision du monde entier, le président Macron en train de supplier au téléphone le président Donald Trump de le sauver en oubliant la séparation en vigueur des autorités aux Etats-Unis. La décadence normative de l’Occident touche presque à son fond. Comment les alliés de l’OTAN peuvent-ils se traiter ainsi jusqu’au sommet entre chefs d’Etats ? Alors qu’Emmanuel Macron à cet instant demeure sollicitable en tant que commandant en chef des Armées et Forces nucléaires de la République Française. A-t-il été puni pour avoir reconnu l’Etat de la Palestine ? Je ne sais pas ! Pourtant plusieurs autres pays l’ont fait avant lui. L’Espagne, l’Irlande, la Norvège et la Slovénie depuis l’année dernière, puis ce courant, la Belgique, le Luxembourg, Malte, Andorre, Monaco, Royaume-Uni, Portugal, Canada et Australie.

Oui la Palestine a l’honneur aujourd’hui ! Parler d’elle, n’était pas normal devant les extrémistes sionistes. Et ça continue, car l’auteur de toute problématisation sur la Palestine reste blacklisté et surveillé par les forces secrètes et puissantes de l’extrémisme sioniste. Nous sommes tous des descendants d’Abraham et je ne me tairai pas face aux actes d’abomination des uns sur les autres tout autour de la planète Terre. Je fais la demande de me prononcer clairement sur la pertinence de la reconnaissance de la Palestine comme Etat en me posant deux questions : quelles sont les conditions pour devenir un Etat comme les 193 autres États de l’ONU ? Est-ce que la Palestine remplit les critères organiques pour être proclamé Etat à part entière ?


1 - Les conditions organiques pour devenir un Etat sur l’échiquier international

 

L’Etat est une construction intellectuelle. J’ai déjà abordé sa définition dans l’un de mes ouvrages notamment « L’Etat de droit au Togo, paru aux éditions L’Harmattan, Paris, 2018 » préfacé par le professeur agrégé de Droit privé Wolou Komi de l’Université de Lomé. L’ouvrage peut être acquis via les plateformes mondiales de vente en ligne, ceci entre parenthèses. Cela étant, je passe directement aux conditions de formation d’un Etat digne de ce nom. L’ensemble des sciences sociales définit quatre conditions cumulatives pour la formation d’un Etat, une abstraction créée par l’intelligence humaine. Il s’agit d’une population, ayant des terres, un gouvernement et une capacité de relation avec les autres États. Quand les savants définissaient ces conditions, je n’étais pas là-bas. J’ai appris cela sur les bancs de l’université. Mais je réalise après observation et analyse qu’ils ont omis volontairement la condition de la monnaie pour privilégier le drapeau, probablement sous l’impulsion des impérialistes de l’Occident, en particulier des Français, pour ne pas éveiller l’attention des élites surtout africaines de leurs anciennes colonies à propos de la question de l’argent national à frapper pour s’assurer de l’indépendance totale et de la souveraineté complète de leurs pays. 

Revenons sur les conditions objectives retenues pour la création d’un État. Par volonté et consentement général d’une population humaine (première condition) vivant sur un territoire, les composantes sociales de cette population peuvent aspirer à devenir un Etat. L’effectif, c’est-à-dire le nombre de la population n’a pas d’importance, de même pour la superficie du territoire, toutefois à déterminer. C’est pourquoi la population se donne les moyens de preuves d’un espace géographique délimité et reconnu avec des frontières du territoire (deuxième condition) pour renforcer son autodétermination à s’établir comme un Etat. Pour ce faire la population a besoin d’un gouvernement légal et légitime (troisième condition). L'existence d'une autorité politique indépendante régissant le territoire et la population, garantit l’ordre public et la paix civile pour que les forces vives de l’Etat progressent dans les objectifs naturels du développement socio-économique. L’Etat en formation sociétale a besoin forcément de la coopération avec les autres États qui l’entourent. La capacité d'entrer en relation avec les États étrangers (quatrième condition) véhicule que le nouvel État incarne la souveraineté nécessaire pour conduire sa propre politique étrangère et s'engager sur le plan international au moyen de plusieurs outils contraignants entre parties en jeu. La reconnaissance internationale d’un Etat s’avère alors indispensable. Une fois que toutes les conditions énumérées se cumulent favorablement, la formation de l’Etat se réalise par des événements plus ou moins complexes, difficiles, voire violents.


2 - La Palestine, Etat par déclaration ou par constitution ?

 

La Palestine souffre, cela depuis des décennies. Plusieurs travaux historiques et journalistiques documentent les conditions difficiles d’existence de ce pays. Si une population palestinienne domestique, estimée à près de 6 millions d’habitants, sans compter celle expatriée à travers le Moyen-Orient et même le monde, constitue une base démographique pour s’organiser en Etat, la génocidation en cours de la population de la Palestine dans la bande de Gaza représente un vrai problème existentiel pour le nouvel Etat en proclamation. La déclaration au profit de la Palestine comme Etat sans mettre fin au génocide en cours des palestiniens, contredit la première condition de formation d’un Etat qui a pour base une population vivant en paix et sécurité sur ses propres terres. Concernant le second critère, d’ailleurs inapplicable relatif au territoire, la Palestine n’a pas de territoire en réalité reconnu et respecté par son premier voisin, l’Israël. Parce que la Palestine demeure sous occupation israélienne et en permanence morcelée en colonies pour leurs voisins Juifs. Les frontières palestiniennes apparaissent déclaratives, non effectivement constituées sur le terrain et reconnues par la puissance occupante. Dans les faits, l’Israël a le contrôle total de la Palestine et fait ce qu’il veut de ce territoire qui ne peut rêver pour le moment d’une souveraineté quelconque. Même Israël viole en permanence la souveraineté des autres Etats indépendants du Moyen-Orient. Donc, l’argument relatif au territoire s’échoue face au diktat israélien mettant en cause la possibilité de la formation actuelle de l’Etat palestinien. La déclaration d’intention de certains pays reconnaissant la Palestine comme Etat, reviendrait à placer la charrue avant les bœufs. Sans population en paix, sans territoire déterminé, il ne peut y avoir un Etat constitué. S’agissant du troisième critère relatif à l’existence d’un gouvernement à la tête d’une population sur le territoire de la Palestine, présenter l’Autorité palestinienne comme gouvernement représentatif de la Palestine me paraît une exagération. À mon avis, elle ressemblerait beaucoup plus à un comptoir général qu’un gouvernement. Dans la mesure où cette Autorité demeure quadrillée par la puissance occupante, limitée, restreinte et même fragmentée par une, sur la Cisjordanie et une autre, dans la bande de Gaza tenue par le Hamas. Sans gouvernement unifié, la constitution d’un Etat véritablement organique reste impossible et sa souveraineté illusoire. Ce qui remet directement en cause la réalisation du quatrième critère, à savoir celle de la capacité pour l’Etat naissant de contracter des relations internationales sur ses propres valeurs d’indépendance et de souveraineté.

Le gouvernement israélien et les différentes autorités palestiniennes obéissent actuellement aux jeux des puissances mondiales qui n’ont aucune volonté de règlement véritable du conflit Israélo-palestinien. C’était la tâche politique qui devrait suivre après la chute du mur de Berlin et la fin de la guerre froide en 1989 suivies de l’effondrement interne de l’Union soviétique en 1991. Mais malheureusement, l’Occident ne l’a pas compris ainsi. Ses dirigeants ont planifié invasions, guerres, encerclement de la Fédération de Russie, terrorisme d’Etat pour faire peur aux autres Etats du monde à dominer. Pas question ! J’ai la conviction profonde que je ne vois pas un certain Benjamin Netanyahu, Donald Trump, Keir Starmer, Friedrich Merz ou Emmanuel Macron comme des intrépides du temps ayant inventé la politique. A les observer, tous mènent leur vie publique sous l’empire de la tyrannie du Moi, de l’égo. Comptant uniquement sur l’escalade nucléaire en cas de conflit, parce que l’OTAN reconnaît qu’elle ne peut pas gagner une vraie guerre conventionnelle contre ses ennemis désignés. Complètement irrationnels, ses dirigeants vont trembler, s’ils ne reculent pas ! L’intrépidité qui m’impressionne et partagé par le nouveau monde, c’est celle de l’éternel soldat inconnu en sacrifice sur le front de guerre si nécessaire pour que vive la postérité, ou encore l’esclave inconnu en rébellion qui se bat dans la sueur, la souffrance, le sang, l’effort, la fatigue… pour la libération de son propre peuple. Les lâches provoquant conflits et humiliations partout recevront, une leçon historique, car toutes les options sont sur la table, chuchotent les BRICS.

 

Conclusion

 

La reconnaissance de l'État de Palestine constitue certes une avancée diplomatique attendue significative, mais mal ordonnée. L’urgence internationale aurait voulu que ceux qui déclarent la Palestine comme Etat à part entière sauvent sa population du génocide en cours dans la bande de Gaza en destruction presque complète. Comme référence interne, mon post publié le 16 mai 2025 dernier (https://sohoualeza.blogspot.com/2025/05/benjamin-netanyahu-osera-t-il-envahir_15.html) alertant gravement sur la situation en Palestine qui ne demande qu’à recouvrer son territoire et sa tranquillité. La solution pour parvenir à un État palestinien indépendant passent par une action internationale concertée en vue de mettre fin d’abord à la guerre, puis relancer un processus politique crédible et enfin soutenir l'émergence d'une gouvernance palestinienne unifiée par les élections générales. Sans oublier des engagements historiques pour la pacification générale du Moyen-Orient où Israël devrait apprendre à vivre en paix avec ses voisins par le commerce et le développement. Pour plus de diagnostic de la situation intérieure israélienne, un autre post du 17 juin 2025 (https://sohoualeza.blogspot.com/2025/06/les-consequences-de-lauto.html) mettait déjà en garde Benjamin Netanyahu au sujet de ses propres dérives. 

 

 

ALEZA Sohou, Université de Lomé

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  

Commentaires

  1. Si les chefs des Grandes Puissances prenaient comme vous cette guerre serait finie depuis

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    1. Merci beaucoup Madame/Monsieur pour votre sympa réaction 🙏🙏🙏

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